Préambule
L’écriture pour « le jeune public » en tant que telle n’a jamais été abordée par la compagnie.
Depuis de nombreuses années, Volubilis a instauré un vrai lien avec le jeune public par différentes actions de types ateliers « danse à l’école », la formation du jeune danseur puis la formation des futurs enseignants.
Animer un atelier de danse auprès des enfants, c’est tout d’abord s’inviter dans leur univers où se mêlent réalité et imaginaire. C’est également leur permettre de s’exprimer avec leurs corps en leur proposant diverses situations révélant leur créativité.
C’est quoi « penser un spectacle pour le jeune public » ?
Dans ce que j’imagine, cela n’implique pas de changer fondamentalement d’écriture. Il me semble que ce qui importe avant tout, c’est l’univers que l’on suggère, le message que l’on adresse au public…je pense aussi qu’un bon spectacle pour enfants doit rejoindre et toucher directement les adultes…qui ont tous été enfants !
Le processus d’écriture devra nous faire rêver de la perception que les enfants s’en feront…
Intention
C’est en observant le comportement des enfants en tant que spectateurs dans notre spectacle « les 7 minutes » (création 2015 écrite pour l’espace public) qu’il m’est venu l’idée d’imaginer une écriture spécifique pour le jeune public dans l’espace public.
J’ai eu envie de me frotter à l’imaginaire des enfants, en partant de ce qu’ils sont, en tentant de déstabiliser le regard qu’ils portent sur leur environnement habituel et donc de déclencher en eux une réflexion sur ce qui nous construit et nous relie les uns aux autres.
Penser un spectacle pour le jeune public c’est donc interroger leur imaginaire et le construire en dehors des lieux dédiés au théâtre c’est aussi questionner la place de l’enfant dans l espace public.
L’enfant et l’espace public
L’enfant occupe une place de plus en plus importante dans notre société, et pourtant, de moins en moins de lieux lui sont accessibles.
Au fil des décennies, la ville a mué pour devenir uniquement un lieu de passage hostile à ceux qui tentent d’en faire un autre usage. Les enfants sont ceux qui ont perdu le plus de terrain, désormais, hormis leur foyer, seuls les parcs et aires de jeux leur ouvrent véritablement les bras.
Les enfants quand ils sont à pied ne font que transiter par la ville et ses rues, lieux de passage réglés par des logiques de la circulation et de la sécurité. Les enfants sont pour la plupart du temps accompagnés (souvent de la main sécuritaire et bienveillante d’un adulte et ceci même quand les espaces sont piétonnisés) et ne font que transiter pour aller vers des lieux dédiés (parcs, conservatoire, école…) et souvent standardisés dans leur aménagement et donc délimités.
Une des spécificités des arts de la rue est de tenter d’établir dans un contexte non dédié au spectacle vivant une relation entre les spectateurs ou passants et l’espace public ; Il devient donc possible de voir un spectacle sur une zone habituellement réservée à la circulation des voitures ou bien sur une zone qui n’est habituellement que lieu de transit pour les piétons.
Au regard du vaste champ de propositions de spectacles dans l’espace public, celles adressées spécifiquement aux enfants semblent plutôt rares ; Certes, il existe des spectacles « jeune public » qui se jouent en extérieur sur des lieux dédiés de type cour ou jardin avec des propositions en fixe, en revanche les formes où il est question d’inviter l’enfant à parcourir sa ville en la découvrant autrement se font rares.
Il va donc falloir à travers cette nouvelle proposition vaincre les inquiétudes (légitimes !) de la présence d’un groupe enfants dans l’espace public qui de temps à autre « stationnera » sur des espaces publics de la ville.
Trois sources d’inspiration
– Le conte :
La dramaturgie de ce spectacle va aussi être largement influencée par une autre matière puisque nous allons nous appuyer sur un conte, celui du lac des cygnes rendu célèbre par le ballet et multiples adaptations chorégraphiques puis par la partition musicale de Tchaikovsky. Il m’importait de trouver un conte intimement relié à la danse qui, dans les mémoires collectives ne serait pas trop dominé par le sens de son histoire mais plutôt par les images et l’univers musical.
– L’espace public :
Terrain d’inspiration de la compagnie devenu outil chorégraphique depuis une petite dizaine d’années avec la quête de rencontrer sa ville autrement, en y changeant ses points de vue, en sublimant les espaces du quotidien et en y détournant l’ordre habituel…
– Le spectacle « les 7 minutes » :
Ce spectacle était composé de plusieurs scènes de 7 minutes façon vignettes chorégraphiques dans l’espace public qui s’enchainaient les unes après les autres. Il s’agira donc de s’inspirer du concept de celui ci en y inventant une toute autre histoire.
Façon jeu de piste, le parcours sera semé d’indices (panneaux de stationnement truqués, mobilier urbain détourné, objets incongrus liés à la présence des cygnes) ; Sur un fond de polar, nous partirons à la recherche de « signes » et probablement aussi d’un ou des « cygnes » emmenant les jeunes spectateurs d’un point à un autre tout en re-découvrant ou en découvrant sa ville ou son village.
Déroulement :
Le nouveau spectacle de la Cie Volubilis sera comme une sorte de « Road Movie sans voiture » …
Envisagé comme un parcours dans la ville, les jeunes spectateurs iront à la rencontre de plusieurs pièces chorégraphiques courtes, elles seront construites sur le principe d’une intrigue, afin que le jeune public ait envie d’aller à la rencontre des suivantes.
Leur format court et leurs propos à la fois poétiques et ludiques permettront au jeune public de rencontrer la danse de façon inattendue.
Ces différentes scènes se construiront sur le détournement du quotidien tout en s’appuyant sur une combinaison de circonstances et d’incidents ; Elles en formeront le nœud même de l’action jusqu’à ce que le dénouement surgisse d’une façon inattendue et les précipite vers la dernière scène.
Composition musicale :
Nous travaillerons sur l’imaginaire que suggère ce conte qui traverse autant les enfants que les adultes, souvent la mémoire collective visuelle et auditive se résume à quelques références liées à la scène des 4 cygnes (le pas de quatre), à la scène du bal, au duo du prince et Odette, au cygne noir et la mort du cygne.
Nous nous inspirerons donc de la composition musicale originale de PI. Tchaïkovski. Elle sera revisitée par le compositeur Yann Servoz (Cie 2 rien Merci/Monofocus) ; Ce compositeur est connu et reconnu pour ses compositions in situ, spécialiste du maniement et de recherche de textures sonores élargies souvent prélevés en milieu urbain ; Sa matière de création s’appuiera sur les morceaux les plus connus .
Les sources sonores seront différentes selon les scènes et seront intégrées aux différents espaces de jeu, objets du spectacle et mobilier urbain.
Distribution :
5 danseurs (non certifiés danseurs étoiles)
– Solenne Cerutti
– Vincent Curdy
– Christian Lanes
– Yann Nedelec
– Agnès Pelletier en alternance avec Lisa Guerrero
Conception et Chorégraphie :
– Agnès Pelletier
Musique, création sonore :
– Yann Servoz
Costumes :
– Cathy Sardi assistée par Anne Massiet
Création objets/graphisme :
– Tezzer /Phano Benallal/Yako
Regards complices :
– Pascal Rome, Betty Heurtebise, Titus